L’essentiel à retenir : la nuisibilité de l’altise est double, avec les adultes à la levée et les larves mineuses en hiver. La clé de la réussite réside dans l’agronomie : un colza atteignant 4 feuilles avant le pic de vol de septembre tolère les dégâts, rendant souvent l’insecticide inutile. Pour garantir cette vigueur au démarrage, optez pour un GPS RTK pour semis de Colza.
Voir ses levées disparaître sous les coups de l’altise colza est une source de stress dont on se passerait bien. Ce dossier technique décortique le comportement des adultes comme des larves pour t’aider à agir uniquement quand c’est nécessaire. Tu y trouveras les seuils de nuisibilité exacts pour sécuriser ta récolte tout en optimisant tes charges.
- Identifier les ennemis : grosse et petite altise du colza
- L’attaque des adultes : quand le colza est le plus vulnérable
- La menace cachée : le cycle et les dégâts des larves
- Surveiller pour mieux agir : piégeage et observation de terrain
- Stratégies de lutte : de l’agronomie à la chimie raisonnée
- Fiche récap : le plan de bataille contre l’altise colza
Identifier les ennemis : grosse et petite altise du colza

La grosse altise d’hiver (Psylliodes chrysocephala) : le portrait-robot
Si vous cultivez du colza, vous connaissez l’ennemi public numéro un de l’automne : la grosse altise, ou altise d’hiver. Son petit nom scientifique, Psylliodes chrysocephala, ne doit pas vous faire oublier sa dangerosité.
C’est un coléoptère sauteur massif, mesurant entre 3 et 5 mm. Impossible de la rater avec sa couleur noire aux reflets métalliques bleu-vert qui brillent au soleil. Ses pattes postérieures sont taillées pour le saut, d’où son nom d’altise.
Elle débarque dans vos parcelles après une estivation estivale, souvent depuis les lisières de bois. Attention, son activité est surtout crépusculaire et nocturne, quand vous n’êtes pas là.
Les petites altises : des cousines à ne pas sous-estimer
Parlons maintenant des petites altises du genre Phyllotreta. On en parle moins, mais ce groupe d’espèces reste une vraie plaie à la levée.
Elles se distinguent par leur taille réduite, souvent noire ou rayée de bandes jaunes. Si leurs dégâts d’adultes ressemblent à ceux de la grosse altise, elles ne posent heureusement pas le même souci au stade larvaire.
- Grosse altise (Psylliodes chrysocephala) : 3-5 mm, noire à reflets métalliques, menace principale adulte ET larvaire.
- Petites altises (Phyllotreta spp.) : < 3 mm, noires ou bicolores, menace principale au stade adulte seul, surtout à la levée.
Adultes vs larves : deux formes, deux menaces distinctes
C’est là que ça se corse. Vous gérez deux ravageurs en un : l’adulte qui perfore les feuilles et la larve vicieuse qui mine le cœur même de la plante.
Pour distinguer la larve de grosse altise, cherchez un petit ver blanc à tête noire doté de 3 paires de pattes. Vous ne la verrez pas sur les feuilles, car elle vit cachée à l’intérieur des pétioles.
Gérer l’adulte ne règle pas forcément le problème larvaire. C’est exactement ce qui rend le pilotage technique si délicat.
L’attaque des adultes : quand le colza est le plus vulnérable

Les dégâts typiques : des morsures qui peuvent coûter cher
Regardez attentivement vos parcelles : les dégâts se manifestent par des morsures circulaires caractéristiques. On dirait littéralement des “trous de poinçon” qui perforent les cotylédons et les jeunes feuilles tendres. Ces attaques peuvent traverser la feuille ou simplement grignoter l’épiderme en surface.
La conséquence directe de cet acharnement est une réduction de la surface photosynthétique disponible. Sur une jeune plantule déjà fragile, cela peut stopper net la croissance et compromettre sa survie à court terme.
Sachez que ce sont à la fois les grosses et les petites altises qui provoquent ces dégâts.
Stades critiques du colza : de la levée à 4 feuilles, la zone rouge
La période de sensibilité maximale est très précise et ne pardonne pas l’erreur. Elle s’étend du stade levée (cotylédons, BBCH 10) jusqu’au stade 3-4 feuilles (BBCH 14). C’est exactement là que tout se joue pour votre rendement futur.
Pourquoi cette période est-elle si critique pour votre exploitation ? La plantule possède très peu de réserves et une faible surface foliaire pour réagir. Chaque morsure a un impact disproportionné sur la vigueur du plant. La survie même de la culture peut être menacée rapidement.
Heureusement, au-delà du stade 4 feuilles vraies, le colza devient beaucoup plus tolérant. Sauf si la culture est chétive, le danger immédiat des adultes s’éloigne enfin.
Le seuil d’intervention : quand faut-il vraiment s’inquiéter ?
Ne sortez pas le pulvé à la légère ; basez-vous sur le seuil d’intervention des recommandations professionnelles (source BSV). C’est une double condition stricte à valider dans la parcelle, pas l’un ou l’autre.
Le traitement se justifie si 80% des pieds ont des morsures ET 25% de la surface foliaire est consommée.
C’est un indicateur, pas une loi absolue.
Gardez en tête que ce seuil est surtout valable pour les colzas les plus jeunes (jusqu’à 3 feuilles). Au-delà, il faut faire preuve de jugement et évaluer la dynamique de la culture.
La menace cachée : le cycle et les dégâts des larves
Si les dégâts des adultes sont visibles et angoissants, la vraie bombe à retardement se trouve souvent à l’intérieur de la plante. Parlons des larves.

Le cycle de vie de la grosse altise : de l’œuf à la larve
Tout commence discrètement au sol. Les adultes de grosse altise pondent dans la terre, près du collet des colzas, durant l’automne et l’hiver. Ce qui complique la lutte, c’est que ces pontes sont très échelonnées.
Une fois l’éclosion passée, les larves ne traînent pas. Elles sortent des œufs et migrent activement vers la plante pour se nourrir. Elles pénètrent généralement par la base des pétioles.
Notez bien que ce cycle concerne uniquement la grosse altise. Les petites altises ne posent pas ce problème larvaire sur colza.
Dans le cœur de la plante : comment les larves minent le colza
Une fois installées, elles minent les pétioles en creusant des galeries. Cela perturbe gravement la circulation de la sève. La feuille finit par s’affaiblir considérablement.
Le pire arrive si l’attaque est précoce et forte. Les larves peuvent migrer jusqu’au cœur de la plante et détruire le bourgeon terminal. Cela provoque une ramification anarchique ou la mort du pied.
Ces galeries sont aussi des portes d’entrée royales pour les maladies. Elles augmentent drastiquement la sensibilité au gel hivernal.
Nuisibilité larvaire : l’impact réel sur la vigueur et le rendement
La nuisibilité est bien réelle, même si elle est moins spectaculaire que les morsures d’adultes. C’est un ennemi invisible. Elle se traduit par une perte de vigueur au printemps.
Vous voulez chiffrer le risque ? C’est assez brutal.
Selon les études, la perte de rendement est estimée à environ 40 kg/ha pour chaque larve présente en moyenne par plante.
Ce chiffre, confirmé par des recherches approfondies, fait froid dans le dos. Il souligne l’importance de ne pas sous-estimer la pression larvaire.
Surveiller pour mieux agir : piégeage et observation de terrain

Les cuvettes jaunes : votre premier outil de détection
Ne confondez pas tout : la cuvette jaune est un radar, pas un juge de paix. Elle signale l’arrivée et le pic d’activité des adultes dans la parcelle, point barre. C’est une alerte, pas un ordre de traiter.
Un piège plein à craquer ne justifie aucun passage de pulvé. C’est l’observation des dégâts sur la plante qui compte.
Pour que ça marche, il faut être rigoureux sur le protocole :
- Positionnement : Enterrer la cuvette, avec le bord supérieur à 1-2 cm du sol, pour capturer les grosses altises qui marchent.
- Remplissage : Remplir d’eau avec un peu de liquide vaisselle pour casser la tension de surface.
- Fréquence : Relever tous les 2-3 jours pour suivre la dynamique des vols, surtout entre le 20 septembre et le 10 octobre.
C’est la base rappelée dans les bulletins de santé du végétal.
L’observation à la parcelle : compter les morsures, évaluer le risque
Oubliez le bureau, enfilez vos bottes. Aux stades sensibles, il faut arpenter la parcelle quotidiennement, sans faute. Prélevez des plantes au hasard, un peu partout. Observez les cotylédons et les feuilles à la loupe s’il le faut.
Ne regardez pas juste “si c’est mangé”, chiffrez le carnage. Notez le pourcentage de pieds touchés et estimez la surface foliaire détruite brute. C’est cette donnée froide qui vous situera par rapport au seuil de nuisibilité réel.
Détecter les larves : la méthode Berlese pour y voir clair
Pour les larves, l’œil nu ne suffit souvent pas : la méthode Berlese est l’outil roi. C’est la seule technique fiable pour quantifier l’infestation réelle. Sans ça, vous naviguez à l’aveugle sur le potentiel de nuisibilité.
Le principe est bête comme chou mais redoutable. Prenez 20 pieds, posez-les sur un grillage au-dessus d’un entonnoir et d’un bocal. En séchant, les larves fuient la plante, tombent et se laissent compter.
Lancez l’évaluation début novembre, puis recommencez 3-4 semaines plus tard pour trancher, comme recommandé dans les protocoles officiels.
Stratégies de lutte : de l’agronomie à la chimie raisonnée
Une fois le diagnostic posé, vient la question de l’action. Et la réponse ne se trouve pas toujours dans le pulvérisateur.

La meilleure défense, c’est l’agronomie : les leviers préventifs
Un colza robuste et vigoureux est la meilleure assurance contre les altises. L’objectif est de ““fuir” la période de sensibilité le plus vite possible.
- Semis précoce : Viser un stade 4 feuilles avant le pic de vol des altises (autour du 20 septembre). Un semis précoce et précis est un atout majeur.
- Bonnes conditions de semis : Assurer une levée rapide et homogène avec une préparation de sol adéquate et le choix du semoir adapté.
- Fertilisation localisée : Un apport de phosphore au semis peut booster le démarrage.
- Plantes compagnes : L’association avec des légumineuses (trèfle, féverole) peut créer un effet de dilution et de perturbation.
La lutte chimique contre les adultes : une décision à peser
Sachez que le traitement insecticide ne doit intervenir que si la survie de la culture est menacée. Ce n’est pas un automatisme.
Si le traitement est inévitable, intervenir de préférence le soir ou la nuit, lorsque les adultes sont les plus actifs. Utiliser un volume d’eau suffisant pour une bonne couverture.
Méfiez-vous des traitements systématiques qui sélectionnent les résistances et détruisent les auxiliaires, précieux alliés.
Gérer les larves et la résistance : le casse-tête des pyréthrinoïdes
Le vrai problème, c’est la résistance aux pyréthrinoïdes. Dans de nombreuses régions, notamment le nord de la France, leur efficacité est fortement réduite, voire nulle, à cause de la mutation kdr.
Traiter avec un pyréthrinoïde dans une zone de résistance forte est inutile et coûteux. Il faut connaître le statut de résistance de son secteur.
Il est nécessaire de se tourner vers des modes d’action alternatifs quand c’est possible (ex: dérogations). Souligner l’importance de ne pas se précipiter, les pontes étant échelonnées.
Les alternatives en test : plantes de service et recherche
Des pistes de recherche existent pour une gestion sans insecticides. La plus prometteuse est l’utilisation de plantes de service attractives, qui agissent comme des pièges.
L’INRAE a testé des exemples comme le chou chinois, la navette ou le radis chinois, qui se sont montrés plus attractifs que le colza. Mentionnons le projet Ctrl-Alt et des projets de recherche menés par l’INRAE.
Fiche récap : le plan de bataille contre l’altise colza
Bref, pour s’y retrouver, rien de tel qu’un bon tableau de bord. Voici l’essentiel à garder sous la main.
Calendrier de vigilance : les moments clés de l’automne au printemps
Tout commence au semis. Fin août / début septembre, l’objectif est de semer tôt pour esquiver le pic de vol. Ensuite, de mi-septembre à mi-octobre, garde les yeux ouverts : c’est la période de surveillance maximale des adultes.
En novembre / décembre, on réalise la première évaluation du risque larvaire via la méthode Berlese. L’hiver / sortie d’hiver sert à réajuster le tir : on décide de traiter uniquement si nécessaire, juste avant que la végétation ne reparte.
Synthèse des seuils et actions : votre tableau de bord
Ce tableau condense les données vitales pour ta prise de décision à la parcelle. Imprime-le ou garde-le en tête, c’est ton meilleur allié pour réagir vite face à la pression.
| Stade Colza | Ravageur Principal | Période de Risque | Seuil d’Intervention (Indicatif) | Point de Vigilance |
|---|---|---|---|---|
| Levée à 3 feuilles | Grosses et Petites Altises (Adultes) | Automne (pic sept-oct) | 8 pieds/10 avec morsures ET 25% surface foliaire consommée | Survie de la culture en jeu. |
| 4 feuilles et plus | Adultes | Automne | Plante devenue tolérante | Risque faible sauf si culture chétive. |
| 5 feuilles à reprise de végétation | Larves de Grosse Altise | Automne/Hiver | 5 larves/pied (colza vigoureux) ou 2-3 larves/pied (colza faible) | Évaluation Berlese indispensable. |
La réussite passe par une observation constante et une stratégie agronomique solide. Pour optimiser ton implantation et limiter les risques, un bon équipement fait souvent la différence. Pour un semis et un suivi de culture d’une précision redoutable, découvrez notre solution de GPS RTK pour semis de Colza.
Au final, gérer les altises demande plus d’observation que de chimie. Mise tout sur l’agronomie : un colza qui lève vite et fort est ta meilleure assurance. Pour réussir cette course de vitesse dès le semis, la précision est clé. Avec nos solutions RTK eSurvey sans abonnement, tu offres à ta culture le départ canon qu’elle mérite.
FAQ
Quand traiter les altises sur colza ?
Tu ne dois intervenir que si le seuil de nuisibilité est atteint, et cela dépend du stade de ton colza. Pour les adultes, la période critique se situe entre la levée et le stade 3 feuilles. Si ton colza a dépassé les 4 feuilles, il est généralement hors de danger face aux morsures. Pour les larves, l’évaluation se fait plus tard, courant novembre, avec un test Berlèse.
Garde en tête que le traitement n’est pas automatique : si ton colza pousse plus vite qu’il n’est mangé (pousse active), tu peux souvent t’abstenir. L’objectif est de préserver les auxiliaires et d’éviter les résistances inutiles.
Quel est le seuil d’intervention pour les altises sur colza ?
Pour les adultes (grosses et petites altises), le seuil est précis : il faut intervenir si 8 pieds sur 10 présentent des morsures ET que 25 % de la surface foliaire est détruite. C’est une double condition valable jusqu’au stade 3 feuilles. Au-delà, la plante compense.
Pour les larves de grosse altise, le seuil se regarde à l’entrée de l’hiver. On parle de 5 larves par plante si ton colza est vigoureux. Si ta culture est chétive ou peine à pousser, on abaisse ce seuil à 2 ou 3 larves par pied.
Quel insecticide pour l’altise ?
On utilise principalement des pyréthrinoïdes (comme la lambda-cyhalothrine ou la deltaméthrine). Cependant, fais très attention à la zone où tu te trouves. Dans le quart Nord-Est de la France, des phénomènes de résistance forte (mutation super kdr) rendent ces produits inefficaces sur la grosse altise.
Avant de sortir le pulvérisateur, renseigne-toi sur le statut de résistance de ton secteur via les bulletins de santé du végétal (BSV). Si tu es en zone de résistance avérée, l’insecticide ne servira à rien à part tuer tes auxiliaires.
Comment limiter les dégâts des altises sans tout miser sur la chimie ?
La meilleure arme, c’est l’agronomie. Ton but est d’avoir un colza qui “court” plus vite que les altises. Un semis précoce et soigné (fin août) permet d’atteindre le stade 4 feuilles avant le pic de vol des adultes (fin septembre). Une bonne préparation de sol et une fertilisation localisée au semis aident la plante à démarrer fort.
Tu peux aussi tester les plantes compagnes (comme la féverole ou le trèfle) qui perturbent les altises et masquent le colza. C’est une stratégie gagnante pour réduire la pression sans passer systématiquement par la case phyto.
Est-ce que les piqûres d’altise sont dangereuses ?
Oui, elles peuvent être fatales, mais seulement sur un colza très jeune (stade cotylédons à 2-3 feuilles). Les morsures réduisent la surface de photosynthèse et, si elles sont trop nombreuses, la plantule s’épuise et meurt. C’est là que tu joues ton peuplement.
Une fois le colza bien installé (rosette), les morsures sur les feuilles sont impressionnantes mais peu impactantes. Le vrai danger devient alors invisible : ce sont les larves qui minent les pétioles et peuvent détruire le cœur de la plante durant l’hiver.
Quel est le cycle de vie d’une altise ?
C’est un cycle annuel bien rodé. Les adultes sortent de leur diapause estivale fin août pour migrer vers tes parcelles. Ils se nourrissent et pondent au sol à l’automne. C’est là que tu vois les trous dans les feuilles.
Ensuite, les œufs éclosent et les larves pénètrent dans les plantes pour y passer l’hiver au chaud en creusant des galeries. Au printemps, elles retournent au sol pour se nymphoser, et une nouvelle génération d’adultes émerge avant de partir en estivation.
Quand sortent les altises ?
Les adultes de grosse altise arrivent généralement dans les parcelles courant septembre. Le pic de vol principal, celui qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu, a souvent lieu entre le 20 septembre et le 10 octobre.
Pour ne pas te faire surprendre, je te conseille de poser ta cuvette jaune dès le semis. Relève-la tous les 2-3 jours pour suivre la dynamique d’arrivée, même si la décision de traitement se prend en regardant les dégâts sur les plantes, pas le nombre d’insectes dans la cuvette.
Quel insecticide peut-on utiliser en pulvérisation foliaire sur le colza ?
En pulvérisation foliaire, si tu es hors zone de résistance, tu utiliseras des pyréthrinoïdes de contact. Le point crucial, c’est l’application : les altises sont actives principalement la nuit. Il faut donc impérativement traiter le soir ou en début de nuit pour toucher les adultes.
Assure-toi aussi d’utiliser un volume de bouillie suffisant pour bien couvrir la végétation. Si tu traites en pleine journée, le produit s’évapore et les insectes sont cachés au sol : tu perds ton temps et ton argent.




